Mardi 10 Décembre, 14h

MORAND (Paul). Important ensemble de plus de 210 lettres autographes, lettres tapées à la machine et cartes postales, toutes signées par Morand et adressées à la baronne Catherine D'Erlanger, entre 1914 et 1938, depuis la France, l'Angleterre, l'Italie, la Suisse. Morand écrit en français avec quelques mots d'anglais de temps à autres, la baronne étant majoritairement à Londres à cette période. Formats, papiers et en-têtes divers (Ambassade de France à Londres, Ministère de la guerre-Cabinet du Ministre, Affaires Etrangères-Cabinet du Ministre, Hôtel La Moubra Montana, etc.). Un gd nombre accompagné de leurs enveloppes timbrées. Certaines lettres enrichies de croquis. Le lot comprend également quelques coupures de presse mentionnant Paul Morand, ainsi que 4 photographies, dont 1 portrait signé et 3 de lui devant le British Museum (?) (toutes pareilles, 1 légèrement plus grande). 
Belle correspondance entre l'écrivain et diplomate français Paul Morand (1888-1976) et son amie la baronne Marie Rose Antoinette Catherine D'Erlanger, dite Catherine D'Erlanger (1874-1959) et surnommée "Flame" à cause de sa chevelure d'un roux intense. Elle était l'épouse du banquier et poète le baron Émile D'Erlanger (1866-1939) avec qui elle eut 4 enfants. Mécène des arts et hôte hors pair, Catherine d'Erlanger était connue pour ses salons artistiques et musicaux. Un gd nombre des lettres lui sont adressées au 139 Picadilly à Londres, ancienne demeure de Lord Byron, où elle habitait. 
Dans ses lettres, Morand témoigne une grande affection à Catherine d'Erlanger: « Vous n'avez pas le droit de rester aussi longtemps loin de moi c'est odieux et insupportable : vous me conduirez aux pires excès. (26.09.15)», « Il y a plus de dix ans que je vous aime, et c'est d'hier (6.01.25)». Morand aime charger la baronne de ses achats vestimentaires et d'objets d'art à Londres... et parle de finances assez ouvertement: « Je fais des économies, la Suisse m'a ruiné et le contrôleur du fisc a pris le reste de mes sous. (25.1.34)» Il fait part de quelques considérations personnelles et détachées sur la guerre, dont ce pronostique qui s'avérera faux : «Depuis quelques jours je ne suis plus zouave. Je suis au Ministère de la Guerre [...] Les Allemands avancent mais ils sont les seuls à croire que Paris sera le terme de leurs peines car nous nous défendrons jusqu'à Bayonne. J'ai pour ma part la plus grande confiance et crois qu'à l'entrée de l'hiver le tzar sera l'arbitre du monde. (30.08.1914) », « Ici il y a la guerre toujours; l'on recommence les préparatifs d'hiver sans plus se demander si ça finira jamais. On s'est installé dans l'héroïsme et le provisoire [...] Je crois que je vais prendre un orphelin de la guerre; ça m'amuserait d'avoir un gosse; qu'en dites-vous ? J'en ferai un artiste ou je lui apprendrai à mettre le feu aux maisons des bourgeois, de ma grand-mère, pour après ? (11.9.16) » Morand tient la baronne au courant de ses très nombreux déplacements et impressions : « New York c'est d'une grande beauté. Toutes les rues sont numérotées comme chez nous les cimetières. [...] C'est d'un luxe inouï et à part qq snobs de la société, personne ne pense et parle jamais de l'Europe (20.7.25)», « (...) vers le 6, il est possible que j'aille à Londres, mais je coucherai sur un banc de Green Park, car le Savoy est plein. (1932) » Il raconte ses soirées mondaines et transmet les dernières nouvelles : « J'ai vu H.B. ce matin. Il est venu me trouver avec un de ses frères, au réveil, mais Jean Cocteau arriva et parla tellement que nous ne pûmes placer une parole. (27.8.1916)", "Confidentiel - Nous apprenons que Hugo aux Etats-Unis se répand dans les milieux cinématographiques (Mary Pickford, etc..) en se disant "agent de propagande du gouvernement français. », «Rentré avant-hier à Paris où j'ai su qu'André Breton « avait lacéré votre robe » aux Russes ! (7.06.26)». Morand parle bien sûr de ses projets, conférences et publications, demandant parfois conseil à la baronne: « Je te dois Londres : il est bien juste que le livre te soit dédié ; ne t'étonne donc pas de voir ton nom en première page. (3.4.1933)», « New York (que je vous ai envoyé il y a une semaine) is having a huge success. Best-seller. (30.1.30)» 
Cette correspondance révèle le quotidien, la pensée et la fantaisie de Paul Morand, personnage controversé, mais dandy qui s'assume pleinement et qui, à travers cet ensemble de lettres couvrant une période de plus de 20 ans, offre d'une manière très personnelle un fascinant témoignage de son temps. 
Provenance:Vente Sotheby's 12 novembre 1979, Jack Cole Collection
Lot 193
Estimation
CHF 3 000 - 5,000
ADJUGÉ(HORS FRAIS)
CHF 12 000
DESCRIPTIF
MORAND (Paul). Important ensemble de plus de 210 lettres autographes, lettres tapées à la machine et cartes postales, toutes signées par Morand et adressées à la baronne Catherine D'Erlanger, entre 1914 et 1938, depuis la France, l'Angleterre, l'Italie, la Suisse. Morand écrit en français avec quelques mots d'anglais de temps à autres, la baronne étant majoritairement à Londres à cette période. Formats, papiers et en-têtes divers (Ambassade de France à Londres, Ministère de la guerre-Cabinet du Ministre, Affaires Etrangères-Cabinet du Ministre, Hôtel La Moubra Montana, etc.). Un gd nombre accompagné de leurs enveloppes timbrées. Certaines lettres enrichies de croquis. Le lot comprend également quelques coupures de presse mentionnant Paul Morand, ainsi que 4 photographies, dont 1 portrait signé et 3 de lui devant le British Museum (?) (toutes pareilles, 1 légèrement plus grande). 

Belle correspondance entre l'écrivain et diplomate français Paul Morand (1888-1976) et son amie la baronne Marie Rose Antoinette Catherine D'Erlanger, dite Catherine D'Erlanger (1874-1959) et surnommée "Flame" à cause de sa chevelure d'un roux intense. Elle était l'épouse du banquier et poète le baron Émile D'Erlanger (1866-1939) avec qui elle eut 4 enfants. Mécène des arts et hôte hors pair, Catherine d'Erlanger était connue pour ses salons artistiques et musicaux. Un gd nombre des lettres lui sont adressées au 139 Picadilly à Londres, ancienne demeure de Lord Byron, où elle habitait. 

Dans ses lettres, Morand témoigne une grande affection à Catherine d'Erlanger: « Vous n'avez pas le droit de rester aussi longtemps loin de moi c'est odieux et insupportable : vous me conduirez aux pires excès. (26.09.15)», « Il y a plus de dix ans que je vous aime, et c'est d'hier (6.01.25)». Morand aime charger la baronne de ses achats vestimentaires et d'objets d'art à Londres... et parle de finances assez ouvertement: « Je fais des économies, la Suisse m'a ruiné et le contrôleur du fisc a pris le reste de mes sous. (25.1.34)» Il fait part de quelques considérations personnelles et détachées sur la guerre, dont ce pronostique qui s'avérera faux : «Depuis quelques jours je ne suis plus zouave. Je suis au Ministère de la Guerre [...] Les Allemands avancent mais ils sont les seuls à croire que Paris sera le terme de leurs peines car nous nous défendrons jusqu'à Bayonne. J'ai pour ma part la plus grande confiance et crois qu'à l'entrée de l'hiver le tzar sera l'arbitre du monde. (30.08.1914) », « Ici il y a la guerre toujours; l'on recommence les préparatifs d'hiver sans plus se demander si ça finira jamais. On s'est installé dans l'héroïsme et le provisoire [...] Je crois que je vais prendre un orphelin de la guerre; ça m'amuserait d'avoir un gosse; qu'en dites-vous ? J'en ferai un artiste ou je lui apprendrai à mettre le feu aux maisons des bourgeois, de ma grand-mère, pour après ? (11.9.16) » Morand tient la baronne au courant de ses très nombreux déplacements et impressions : « New York c'est d'une grande beauté. Toutes les rues sont numérotées comme chez nous les cimetières. [...] C'est d'un luxe inouï et à part qq snobs de la société, personne ne pense et parle jamais de l'Europe (20.7.25)», « (...) vers le 6, il est possible que j'aille à Londres, mais je coucherai sur un banc de Green Park, car le Savoy est plein. (1932) » Il raconte ses soirées mondaines et transmet les dernières nouvelles : « J'ai vu H.B. ce matin. Il est venu me trouver avec un de ses frères, au réveil, mais Jean Cocteau arriva et parla tellement que nous ne pûmes placer une parole. (27.8.1916)", "Confidentiel - Nous apprenons que Hugo aux Etats-Unis se répand dans les milieux cinématographiques (Mary Pickford, etc..) en se disant "agent de propagande du gouvernement français. », «Rentré avant-hier à Paris où j'ai su qu'André Breton « avait lacéré votre robe » aux Russes ! (7.06.26)». Morand parle bien sûr de ses projets, conférences et publications, demandant parfois conseil à la baronne: « Je te dois Londres : il est bien juste que le livre te soit dédié ; ne t'étonne donc pas de voir ton nom en première page. (3.4.1933)», « New York (que je vous ai envoyé il y a une semaine) is having a huge success. Best-seller. (30.1.30)» 

Cette correspondance révèle le quotidien, la pensée et la fantaisie de Paul Morand, personnage controversé, mais dandy qui s'assume pleinement et qui, à travers cet ensemble de lettres couvrant une période de plus de 20 ans, offre d'une manière très personnelle un fascinant témoignage de son temps. 

Provenance:Vente Sotheby's 12 novembre 1979, Jack Cole Collection
Abonnez-vous à notre Newsletter
© HDV - PIGUET Hôtel des Ventes SA - All rights reserved - 2025 -  By Eight-id