VX - Mobilier - Tableaux - Maroquinerie de luxe - Montres - Bijoux : jeudi 6 juin à 18h (lots 1 à 95)

DESCRIPTIF

Alberto Giacometti (1901-1966),Lampadaire modèle "figure" dit aussi "Tête de femme", 1933, sculpture en bronze, monogrammée et marquée "AG 02" par la Fondation, h.153,5 cm et 167,5 cm (avec réflecteur probablement d'époque)

Certificat du Comité Giacometti, Paris, 2023

Provenance: Henry-Louis Mermod (1891-1962), 1933, puis resté dans la famille jusqu'à ce jour

Bibliographie: W. George, "Jean-Michel Frank: Vers un classicisme vivant", in Art et Décoration, Vol. 65, Ed. Albert Lévy, Paris, 1936, p. 98; L.D. Sanchez, Jean-Michel Frank & Adolphe Chanaux, Editions du Regard, Paris, 1980, p. 204; M. Butor, Diego Giacometti, Maeght Editeur, Paris, 1985, p. 125; D. Marchesseau, Diego Giacometti, Hermann, Paris, 1986, p. 11; L.D. Sanchez, Jean-Michel Frank & Adolphe Chanaux, Editions du Regard, Paris, 1997, p. 115 et 250; C. Boutonnet, R. Ortiz, Giacometti, Les Editions de l'Amateur, Paris, 2003, p. 34; P.E. Martin-Vivier, Jean-Michel Frank, l'étrange luxe du rien, Norma, Paris, 2006, p. 68, 143, 198-199 et 250; D. Melamud, Schiaparelli and the Artists, Rizzoli éd., New York, 2017, p. 225

RAPPORT DE CONDITIONS

Bon état général

Il s’agit d’un bronze avec une belle patine brune avec des variations vibrantes laissant entrevoir le bronze doré. La patine a été très soignée.
Le bronze possède des irrégularités de fonte liées au processus de production. Une irrégularité plus importante au centre du fût sur la gauche. Présence de petites traces de chocs mineures notamment à l’arrière de la tête sur 5 mm. (voir photo-vidéo). La patine est éclaircie au niveau des arêtes du col et des arêtes du fût ainsi que sur les reliefs du visage. Au niveau du visage on note quelques éclats de patine sur la joue gauche un petit éclat dans les cheveux de 1 cm. À partir du milieu du fût sur la partie inférieure, avant les anneaux, nous notons de multiples lacunes de patine (voir photos-vidéo). Nous pensons que ces pertes d’adhésion sont liées à des variations climatiques du passé. Aujourd’hui la sculpture semble stable et ne possède pas de problème d’adhésion évolutif. L’œuvre étant restée dans la même famille, la patine ne semble quasiment pas avoir été restaurée, ce qui normalement est très souvent le cas pour les lampadaires présents sur le marché actuel qui ont circulé de plusieurs mains. On note peut-être un petit badigeon sombre léger au niveau des lacunes (partie inférieure du fût avant les anneaux. Présence d’une griffure dans la partie inférieure du fût, presque horizontale (voir photographies)
Présence de quelques petites lacunes éparses également sur le socle, légère salissures, et très léger blanchiment de la patine. Le réflecteur endommagé il n’est plus soudé correctement et possède de multiples traces d'impact (voir photographies).
L’état de l’œuvre est illustré par une longue vidéo et des photographies jointes
Le système électrique est usé et à revoir

Complément d’informations
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COLLECTION HENRY-LOUIS MERMOD - EXCEPTIONNELLE SCULPTURE D'ALBERTO GIACOMETTI

Cette sculpture, dite « figure » ou « tête de femme » version étroite, a été réalisée par Alberto Giacometti uniquement de 1933 à 1939. A la différence de l’autre version de ce lampadaire, plus fréquente sur le marché et produite plus tardivement (avec des fontes jusque dans les années 1980), cette version se caractérise par une base plus étroite et un fût plus allongé, lui donnant une élégance raffinée.

L’oeuvre que nous présentons est particulièrement rare. En effet, son exécution en 1933 est attestée par une correspondance entre A. Giacometti et H.-L. Mermod d’octobre 1933 à mars 1934. Le Comité Giacometti n’a, à ce jour, reconnu que deux sculptures à base étroite, celle-ci étant la seconde.

Depuis son acquisition auprès de l’artiste, cette sculpture est restée par héritage dans la même famille jusqu’à aujourd’hui. Elle est totalement inédite sur le marché de l’art.

Dans ses lettres à Henri-Louis Mermod, conservées dans les archives familiales, l’artiste mentionne à plusieurs reprises la commande « des lampadaires », il en détaille le prix et les paiements. Giacometti s’inquiète de savoir si le mécène est satisfait de ses acquisitions, s’il est «content de la patine», lui propose de trouver un abat-jour...

Il y parle aussi de sa vie et de ses oeuvres. Il décrit « tous ces temps passés » durant lesquels il a « beaucoup travaillé à une grande sculpture » qu’il a « exposée avec le groupe Surréaliste au Salon des Sur-indépendants. », montrant ainsi les liens que les deux hommes entretenaient.

Issu d’une famille d'industriels de Sainte-Croix en Suisse, actifs dans les métaux, la fabrication de boîtes de montres et de boîtes à musique, Henry-Louis Mermod étudie le droit à Genève et devient avocat avant de se tourner vers l’industrie familiale. Profondément marqué par sa rencontre avec Charles-Ferdinand Ramuz, il décide de créer une maison d’édition « née de l’admiration qu’il avait pour Ramuz et du désir de le voir souvent »

[1] . Grâce à cette entreprise, il deviendra un grand éditeur et sera considéré comme le Gallimard suisse. En effet, « Henry-Louis Mermod a permis de briser la solitude de la Suisse romande. Avant lui, il n'y avait pas de maison d'édition de cette trempe.» [2]

Dans sa magnifique demeure portant le nom de Fantaisie, idéalement située à quelques pas du lac à Lausanne- Ouchy, il reçoit, en toute convivialité, d’innombrables personnalités, écrivains, poètes, peintres et des gens de la « bonne société », …

Ainsi, Ramuz, Auberjonois, Claudel, Colette, Eluard, Dufy, Germaine Richier, Man Ray, Hartung, Dubuffet, Laurencin, Picasso se retrouvaient chez lui, parfois avec des têtes couronnées telle que S.A.R. Marie-José de Belgique. Mermod développe au fil des années une complicité avec nombre d’entre eux. Picasso, avec qui il passe des vacances à la mer, le surnommait amicalement le pinsonnet…

Ses proches aimaient dire que sa générosité et sa gentillesse le rendaient heureux de vivre, heureux d’être un lecteur de poésie, heureux de pouvoir soutenir matériellement des auteurs ou des artistes, par pure générosité.

C’était un homme vif, élégant, raffiné et passionné d’art.

Comme éditeur, il aimait imprimer des livres à très petits tirages. Peu importe que le livre soit un succès ou non, s’il avait du plaisir à avoir cet ouvrage sur sa table de nuit. Il choisissait le format, le papier et avait un sens aigu de la mise en page... Son génie était aussi d’associer le peintre avec le poète afin qu’ensemble, ils produisent une vraie création !

[1] Amaury Nauroy, Rondes de nuit, p. 52

[2] 24 heures https://www.24heures.ch/ un-francais-plonge-dans-la-vie-du-gaston-gallimard-suisse-721573959588

Bien qu’Alberto Giacometti ait reçu quelques commandes à la fin des années 1920, c’est grâce à sa rencontre avec Jean-Michel Franck

qu’il va entrer de plain-pied dans le monde des Arts décoratifs.

L’architecte n’aura de cesse de demander à Giacometti de nouvelles créations et les oeuvres de l’artiste viendront orner les résidences des grands collectionneurs de son époque : les Noailles, Schiaparelli, Guerlain, Rockefeller, etc.

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