Mercredi 15 Mars, 14h

Exceptionnelle et rare paire de flambeaux d'époque Louis XVI attribués à Pierre Gouthière, en bronze finement ciselé et doré à l'or moulu (dorure d'origine), à fût central en gaine sommé de quatre mufles de lion et orné de draperie, reposant sur des pattes de lion accolées, le binet à motif de grecques émergeant d'un bouquet de feuilles de lotus, base en piédouche à motif de baguette de laurier et frises de dards et d'oves, h. 34 et 35 cm (tige filetée postérieure)

Provenance : Collection Xavier et Léon Givaudan, constituée au début du XXe s. 
Les archives de la famille ont fourni en relation avec ce lot, une facture de Paul Selz à Paris, datée du 17 mai 1939 au nom de Xavier Givaudan, mentionnant: "Quatre flambeaux identique en bronze doré, modèle Delafosse. Ancienne collection Richard Wallace." pour la somme de quarante mille francs. Selon la famille cette facture correspondrait à nos flambeaux, malgré la mention de l'attribution différente de la nôtre. La deuxième paire est encore aux mains d'un des descendants.
Pièces similaires :
• Artcurial, Collection de Monsieur Georges Bemberg, le 20 juin 2012, lot 450
• Christie’s Monaco, Collection Lagerfeld, 28 et 29 avril 2000, lot 32, provenant de l’ancienne collection du duc de Talleyrand, château de Valençay, 
• Sotheby’s Monaco, le 23 février 1986, lot 905
• Christie’s Monaco, Collection Lagerfeld, 28 et 29 avril 2000, lot 33, modèle en candélabres, provenant de la collection H. de LXXX,
• Vente Christie’s Londres, le 11 juin 1992, lot 72 (à la seule différence que la frise de grecques est remplacée par une frise de rosettes dans un entrelacs)
• Hôtel Drouot, le 11 juin 1986, signée Gouthière, ciseleur et doreur du Roy
• Verlet Pierre, Les Bronzes Dorés Français du XVIIIème siècle, Paris, 1987, p.130, Fig A
• Christie’s Londres, Collection Raphël, le 18 mai 1927, lot 109 
Nous remercions M. Fernando Moreira pour l'aide apportée à l'authentification de ce lot
Notes: 
Pierre Gouthière (1732-1813) fut un virtuose des travaux de ciselure et de
dorure. Le 13 avril 1758, il est inscrit à la maîtrise en qualité de ‘’doreur,
ciseleur, damasquineur sur tous métaux précieux’’, peu après son mariage
avec la veuve du maître-doreur François Ceriset.
Il travailla à ses débuts pour l’orfèvre François-Thomas Germain. Nous
le savons également créateur de modèles, puisqu’il envoya ses propres
dessins à l’Ecole royale de dessin à Troyes. Les archives des Menus Plaisirs dévoileront également qu’une somme de 1000 livres lui fut accordée pour les dessins destinés à servir aux préparatifs du mariage du Dauphin en 1769.
En 1765, il produit et signe des bronzes sur des modèles Transition, avec
une rigueur et une exécution parfaites. On le dit d’ailleurs créateur de la
dorure au mat. 1767 est l’année de sa nomination en qualité de doreur des
Menus Plaisirs, privilège royal qui lui apporta la célébrité. C’est à ce moment là, entre 1769 et 1785, qu’il eut sa période la plus faste et travailla pour la clientèle la plus riche et la plus prestigieuse de son époque, enregistrant des commandes pour le duc d’Aumont, le comte d’Artois, Madame du Barry, ainsi que le célèbre marchand-mercier Daguerre qui l’élève au plus haut rang des bronziers. Il exécuta même les bronzes du serre-bijoux de Marie-Antoinette en 1770-1771.
Le modèle de flambeaux que nous présentons en vente se retrouve dans
les archives de ventes aux enchères du XVIIIe s. En 1778, furent adjugés
pour 720 livres, quatre flambeaux de notre modèle à un acquéreur nommé
Léger ou Légère, provenant de la collection de Madame Langeac. Quatre
flambeaux identiques se trouvaient l’année précédente chez son amant,
Louis Phélypeaux de la Vrillière, comte de Saint Florentin, ministre de Louis XV. D’autres exemplaires apparaissent également à la fin du XVIIIe s, lors de la vente des collections de Madame Légere le 15 décembre 1784 (lot 215 et 216), de François-Michel Harenc de Presle, le 16 avril 1792 (lot 456), et du baron Hoorn van Vlooswyck, le 22 novembre 1809 (lot 95).
Il reste difficile de connaître le nombre d’exemplaires fabriqués et la paternité du modèle. Ce dernier plaisait tant qu’il fut aussi exécuté en Angleterre, par la maison Boulton et Fothergill, qui en fabriquait en argent mais aussi en bronze doré, avec ou sans bras de lumière. Matthew Boulton (1728-1809) a pu avoir découvert ce modèle lors de son voyage à Paris en 1765, ou par l’intermédiaire de gravures.
Malgré un succès indéniable, la situation financière de Gouthière n’était pas des meilleures. La fin de sa vie est plutôt obscure et sa faillite entraîna sa chute. Mais son très grand talent a été transmis à l’un des plus illustres
bronziers qui pouvait lui succéder, son élève Pierre-Philippe Thomire, dont
vous pourrez admirer de très belles productions lors de notre exposition
des 29 et 30 avril 2017 pour la vente de la succession Marie de Balkany à
Prangins.

Lot 599
Estimation
CHF 50 000 - 80,000
ADJUGÉ(HORS FRAIS)
CHF 35 000
DESCRIPTIF

Exceptionnelle et rare paire de flambeaux d'époque Louis XVI attribués à Pierre Gouthière, en bronze finement ciselé et doré à l'or moulu (dorure d'origine), à fût central en gaine sommé de quatre mufles de lion et orné de draperie, reposant sur des pattes de lion accolées, le binet à motif de grecques émergeant d'un bouquet de feuilles de lotus, base en piédouche à motif de baguette de laurier et frises de dards et d'oves, h. 34 et 35 cm (tige filetée postérieure)

Provenance : Collection Xavier et Léon Givaudan, constituée au début du XXe s. 
Les archives de la famille ont fourni en relation avec ce lot, une facture de Paul Selz à Paris, datée du 17 mai 1939 au nom de Xavier Givaudan, mentionnant: "Quatre flambeaux identique en bronze doré, modèle Delafosse. Ancienne collection Richard Wallace." pour la somme de quarante mille francs. Selon la famille cette facture correspondrait à nos flambeaux, malgré la mention de l'attribution différente de la nôtre. La deuxième paire est encore aux mains d'un des descendants.

Pièces similaires :
• Artcurial, Collection de Monsieur Georges Bemberg, le 20 juin 2012, lot 450
• Christie’s Monaco, Collection Lagerfeld, 28 et 29 avril 2000, lot 32, provenant de l’ancienne collection du duc de Talleyrand, château de Valençay, 
• Sotheby’s Monaco, le 23 février 1986, lot 905
• Christie’s Monaco, Collection Lagerfeld, 28 et 29 avril 2000, lot 33, modèle en candélabres, provenant de la collection H. de LXXX,
• Vente Christie’s Londres, le 11 juin 1992, lot 72 (à la seule différence que la frise de grecques est remplacée par une frise de rosettes dans un entrelacs)
• Hôtel Drouot, le 11 juin 1986, signée Gouthière, ciseleur et doreur du Roy
• Verlet Pierre, Les Bronzes Dorés Français du XVIIIème siècle, Paris, 1987, p.130, Fig A
• Christie’s Londres, Collection Raphël, le 18 mai 1927, lot 109 

Nous remercions M. Fernando Moreira pour l'aide apportée à l'authentification de ce lot

Notes: 
Pierre Gouthière (1732-1813) fut un virtuose des travaux de ciselure et de
dorure. Le 13 avril 1758, il est inscrit à la maîtrise en qualité de ‘’doreur,
ciseleur, damasquineur sur tous métaux précieux’’, peu après son mariage
avec la veuve du maître-doreur François Ceriset.
Il travailla à ses débuts pour l’orfèvre François-Thomas Germain. Nous
le savons également créateur de modèles, puisqu’il envoya ses propres
dessins à l’Ecole royale de dessin à Troyes. Les archives des Menus Plaisirs dévoileront également qu’une somme de 1000 livres lui fut accordée pour les dessins destinés à servir aux préparatifs du mariage du Dauphin en 1769.
En 1765, il produit et signe des bronzes sur des modèles Transition, avec
une rigueur et une exécution parfaites. On le dit d’ailleurs créateur de la
dorure au mat. 1767 est l’année de sa nomination en qualité de doreur des
Menus Plaisirs, privilège royal qui lui apporta la célébrité. C’est à ce moment là, entre 1769 et 1785, qu’il eut sa période la plus faste et travailla pour la clientèle la plus riche et la plus prestigieuse de son époque, enregistrant des commandes pour le duc d’Aumont, le comte d’Artois, Madame du Barry, ainsi que le célèbre marchand-mercier Daguerre qui l’élève au plus haut rang des bronziers. Il exécuta même les bronzes du serre-bijoux de Marie-Antoinette en 1770-1771.
Le modèle de flambeaux que nous présentons en vente se retrouve dans
les archives de ventes aux enchères du XVIIIe s. En 1778, furent adjugés
pour 720 livres, quatre flambeaux de notre modèle à un acquéreur nommé
Léger ou Légère, provenant de la collection de Madame Langeac. Quatre
flambeaux identiques se trouvaient l’année précédente chez son amant,
Louis Phélypeaux de la Vrillière, comte de Saint Florentin, ministre de Louis XV. D’autres exemplaires apparaissent également à la fin du XVIIIe s, lors de la vente des collections de Madame Légere le 15 décembre 1784 (lot 215 et 216), de François-Michel Harenc de Presle, le 16 avril 1792 (lot 456), et du baron Hoorn van Vlooswyck, le 22 novembre 1809 (lot 95).
Il reste difficile de connaître le nombre d’exemplaires fabriqués et la paternité du modèle. Ce dernier plaisait tant qu’il fut aussi exécuté en Angleterre, par la maison Boulton et Fothergill, qui en fabriquait en argent mais aussi en bronze doré, avec ou sans bras de lumière. Matthew Boulton (1728-1809) a pu avoir découvert ce modèle lors de son voyage à Paris en 1765, ou par l’intermédiaire de gravures.
Malgré un succès indéniable, la situation financière de Gouthière n’était pas des meilleures. La fin de sa vie est plutôt obscure et sa faillite entraîna sa chute. Mais son très grand talent a été transmis à l’un des plus illustres
bronziers qui pouvait lui succéder, son élève Pierre-Philippe Thomire, dont
vous pourrez admirer de très belles productions lors de notre exposition
des 29 et 30 avril 2017 pour la vente de la succession Marie de Balkany à
Prangins.

RAPPORT DE CONDITIONS


Les deux tiges centrales filetées ont été remplacées au XXe s., ce qui implique un reperçage de certaines pièces attenantes 

Présence d'une pièce en bois collé à l'intérieur des bobèches suite à l’électrification, dont une empêchant la séparation du binet et de la bobèche 

Socle en bois rapportés

Usure à la dorure 


Complément d’informations
icone

Collection Givaudan

Originaire de Lyon, Xavier (1867-

  1. et Léon (1875-1936) Givaudan sont des exemples de la réussite industrielle d’avantguerre.

Très vite, ils excellent dans la production de parfums de synthèse, de produits chimiques et de savon et font fortune à l'aube du XXe siècle.

Xavier Givaudan commence ses études à la célèbre école de la Martinière à Lyon qu’il fréquente avec les frères Lumière puis obtient son diplôme de pharmacien. Dès 1891, il crée une société à Lyon, qui prendra plus tard le nom de Givaudan-Lavirotte & Cie, consacrée à la fabrication de produits chimiques et pharmaceutiques. Son frère Léon, étudiant à l’Ecole Polytechnique de Zurich, effectue des recherches sur les huiles essentielles et les parfums synthétiques.

Très unis, les deux frères louent un grand terrain à la ville de Genève au bord du Rhône, à Vernier, à la fin du XIXe siècle. Ils y montent une usine de production et fondent la Société Léon Givaudan et Compagnie qui se fait rapidement connaître des parfumeurs. Appelé sous les drapeaux en 1914, Léon fait venir son frère Xavier de Lyon pour prendre la direction de l'entreprise de Vernier et y développer les affaires familiales. Ce dernier se fixe définitivement à Genève en 1917 où il achète un hôtel particulier à l'angle de la rue de la Cloche et du quai du Mont-Blanc. En 1938, il acquiert à la famille Tronchin, le domaine de Bessinge avec son contenu, propriété de 50 hectares situé à l'emplacement de l'actuel golf de Cologny.

Après la guerre, Léon s’installe à Paris et le succès de la maison Givaudan va s’étendre largement au-delà des frontières francosuisses: les succursales fleurissent en Allemagne, en Grande-Bretagne, en Espagne, aux Etats-Unis, au Brésil...

Entrepreneurs érudits, les deux frères sont de fins connaisseurs de l’art du XVIIIe siècle français. Leur fortune leur permet de rassembler des pièces d’exception, souvent par l’intermédiaire de grands marchands qui les conseillent et les aiguillent dans leurs choix. Ainsi, par exemple, Jacques Seligmann & Fils à Paris, qui comptait parmi Camondo, le baron Edmond de Rothschild, ou encore Henry Frick, fait acquérir à Xavier une magnifique paire de candélabres attribuée à Rémond (lot 591) et conseille les deux frères pour des achats de tableaux, notamment ceux de Hubert Robert (lots 803 et 804) à la galerie Charpentier... En témoignent les factures de Seligmann et les notes conservées dans les archives familiales.

Xavier décède en 1966, il lègue alors sa fabuleuse collection de tabatières en or serties d’émaux et de pierres précieuses du XVIIIe siècle au musée d’Art et d’Histoire de Genève et reçoit la même année, la médaille Genève reconnaissante en remerciement de toutes ses actions philanthropiques effectuées dans le canton.

Tous les lots marqués en bleu dans ce catalogue proviennent des collections de Xavier et Léon Givaudan, (le premier ayant hérité d'une partie des biens de son jeune frère mort en 1936), puis par héritage jusqu'aux propriétaires actuels.

Une sélection de sa bibliothèque du XVIIIe siècle sera mise en vente lors de notre prochaine vacation de livres anciens en juin 2017.

Les archives de la famille fournissent de nombreuses notes et factures offrant une traçabilité des objets s’étendant parfois sur près de deux siècles et établissent la provenance tout à fait exceptionnelle de la plupart des biens de cette collection. Ainsi, l'historique des sanguines de Hubert Robert (lots 803 et 804) se lit sans discontinuer depuis leur héritage par la veuve de l'artiste jusqu'à nos jours. De même, nous avons pu retracer toute l’histoire du tableau de Boilly (lot 793) depuis 1818 - soit moins de 12 ans après sa création vers 1807 - jusqu’à aujourd’hui.

Tous les lots marqués en bleu dans le catalogue (et sa version pdf) proviennent des collections de Xavier et Léon Givaudan.

Cette notice historique accompagnée de photos se retrouve aux pages 104-105, 156 et 158 du catalogue papier (ansi que sur le e-catalogue ou PDF).

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