Exceptionnelle tabatière impériale russe en or, émail et diamants par Keibel ornée d’une miniature par Bossi représentant le portrait du Tsar Alexandre Ier de Russie
La boîte rectangulaire en or rose et jaune est très
finement ciselée
de rinceaux de fleurs, de rosaces et de feuillages en relief sur fond amati, les
angles arrondis sont ornés dans un cartouche
carré d'une rosace en émail champlevé bleu roi et bleu ciel, les bordures
latérales ainsi que celles du couvercle et du revers sont ornées d'une baguette
en émail bleu roi champlevé sur or rose, le dos présente également un ciselage d’une
très grande finesse arrangé autour de motifs circulaires en émail bleu ciel et
bleu roi. Poinçonné deux fois à l’intérieur Keibel pour Otto
Samuel Keibel maître orfèvre à St. Petersbourg de 1797 à 1809.
Le couvercle à charnières présente une miniature ovale sur ivoire du portrait
du Tsar Alexandre Ier (1777-1825) en manteau noir à col rouge, portant le bandeau bleu moiré et l’insigne de
l'ordre impérial de Saint-André, peinte par Giovanni Domenico Bossi (1765-1853),
signée et datée 1803. Elle est majestueusement bordée de 32 diamants (environ
28 carats) subtilement séparés d’autant de petites roses de diamants. Quatre autres
diamants (environ 8.8 carats) ornent chacun des coins.
St. Petersburg, circa 1803, 9x7,5x1.5 cm, 253g, numéros d’inventaires 79 et 641.
Dans son écrin de velours de soie vert et rouge encadré par une broderie de fils
d’or.
Provenance : Prince Antonio Comuto de Zantes (Grèce), par héritage dans
la même famille jusqu’à ce jour.
La famille Comuto est venue à Zante du Péloponèse vers l’an1500. Elle fut inscrite au Livre d’Or de la noblesse de Zante à la fin du XVIe siècle. En 1626 elle fut élevée au titre de comte en la personne du Dr. Stamatello Comuto. Les membres de cette famille ont ensuite occupé les plus hautes charges de l’Etat.
Grand intellectuel, le comte Antonia Comuto (1748-1833) a étudié la philosophie, la littérature et obtient un doctorat de droit à l’université de Padoue. A son retour à Zante il est nommé membre du Grand Conseil, inspecteur des écoles, puis élu député au Parlement ionien, Sénateur puis Président.
Les Îles Ioniennes à l’ouest de la Grèce ont été longtemps sous la domination vénitienne. En 1797 elles sont annexées par la France, puis en 1800, l’archipel est occupé par les forces russo-ottomanes et est placé sous protectorat sous le nom de la République des Sept-Îles.
Le 7 décembre 1803 le comte Comuto est élevé au titre de Prince de l’Etat Septinsulaire sur l’ordre exprès de SM l’Empereur de Russie. C’est à l’occasion de cette promotion au titre de gouverneur qu’il reçoit du Tsar Alexandre Ier la présente boîte.
Provenance :
- Offerte par le Tsar Nicolas II au Lieutenant-General Théodor Feldmann, directeur du Lycée Impérial, 3 décembre 1897.
- Rendue aux Archives Impériales par le Lieutenant-General Feldmann, 16 décembre 1897.
- Offerte par le Tsar Nicholas II au Baron Maximilian von Lyncker, maréchal de cour sous l’Empereur allemand Guillaume II, 15 novembre 1899
- Découverte en Suisse dans le coffre-fort privé de François Dupré à sa mort en 1966, puis par descendance jusqu’à ce jour
UN CADEAU IMPERIAL RUSSE AUX MULTIPLES DESTINATAIRES …
Sous le règne du Tsar Nicolas II, le Garde-meubles impérial acquiert cette spectaculaire boîte auprès de Karl Fabergé dans le but d’en faire un cadeau selon l’usage et la tradition russe. Dans la mesure où il s’agit d’un objet fourni à la Cour pour l’utilisation personnelle du Tsar, il n’est pas étonnant de voir que la boîte ne porte pas de numéro d’inventaire du célèbre joaillier. (Fabergé gravait des numéros d’inventaire principalement pour identifier, sur ses factures, les pièces vendues au magasin). En revanche, elle est méticuleusement répertoriée et numérotée dans les registres des archives du Garde-meubles comprenant aussi les informations sur le récipiendaire que le Tsar avait souhaité honorer.
Suite aux dernières recherches effectuées par Dr. Ulla Tillander-Godenhielm (1) dans les archives, il apparaît clairement qu’entre 1896 et 1903, date marquant la fin du mandat de Michael Perchin (1860-1903) aux ateliers Fabergé, seules deux boîtes comme celle-ci, portant le monogramme de Nicolas II sont enregistrées avec de l'émail rouge.
Le 25 avril 1897, cette boîte avec diamants "Au-delà du prestige de se voir remettre un tel présent, il était d’usage que son propriétaire puisse bénéficier d’un enrichissement considérable en retournant le présent sans pour autant contrevenir au protocole ni offenser le Tsar. Le lieutenant-général Feldmann rapporte la boîte dans son intégralité 13 jours plus tard afin d’obtenir une somme d’argent en échange. Elle est alors à nouveau inscrite dans les registres du Garde-meubles impérial sous le numéro 66 et avec la description "Le 15 novembre 1899, cette tabatière Fabergé est offerte par le Tsar au baron Maximilian Freiherr von Lyncker (1845-1923), maréchal de cour de sang noble sous l'empereur Guillaume II. Cet homme, dépeint dans les récits littéraires comme un personnage plutôt toxique et puissant, aurait exercé une certaine influence sur l'empereur allemand. À la suite de la rencontre du 8 novembre 1899 entre Guillaume II et Nicolas II à Potsdam, où Lyncker est présent, le Tsar envoie des cadeaux pour consolider les décisions prises visant à faciliter les relations entre les deux empires. Comme à l’accoutumée, le maréchal de cour est également honoré pour sa position et son rôle dans la procédure. Notre boîte quitte la Russie pour l’Allemagne et rejoint les collections de la famille von Lyncker.
La boîte Fabergé disparaît alors des registres pendant la première partie du XXe siècle avant d’être redécouverte en Suisse dans le coffre-fort de François Louis Jules Dupré (1888-1966) après sa mort en 1966. Petit-fils du peintre de l'Ecole de Barbizon Jules Dupré, François Dupré est un homme d'affaires prospère à Paris, il acquiert notamment l’hôtel Georges V en 1931, il collectionne les œuvres d'art et élève des chevaux de course. En 1930 il acquiert l’Haras d'Ouilly.
Après son décès, sa femme Anna Stefanna Nagy Dupré conserve la boîte Fabergé comme une précieuse relique, celle-ci passant à son tour en héritage à sa sœur en 1977 puis à son neveu, le propriétaire actuel, en 2002.
Note : 1- Dr. Ulla Tillander-Godenhielm spécialiste reconnue internationalement et auteure du livre de référence «The Russian Imperial Award System, 1894-1917» ed. The Finnish Antiquarian Society, Helsinky, 2005
Service à thé et à café de voyage en vermeil, Russie XIXe s., au décor repoussé de fleurs et de volutes dans le style rocaille, chaque pièce ciselée du monogramme de marquis. Probablement vendu par Nicholls & Plinke, Magasin Anglais à St Saint-Pétersbourg dans un grand coffret gainé de cuir noir. Comprenant: Bouilloire, réchaud, support, 2 plateaux, panier à gâteaux, pinces, passoire, 12 cuillers et bol fournis par Carl Tegelsten datés 1843, avec la cafetière, la théière et le pot à lait par Robert Hennell II de Londres datés 1843, poinçon d'essayeur sur le tout de Dmitri Tvyersko. 12 cuillers en vermeil par Sazikov, 1872, total no. de pièces 35
Exceptionnelle paire de vases en porcelaine impériale russe provenant de la Manufacture Impériale de Porcelaine à St. Petersbourg, époque de Nicolas Ier(1825-1855)
Chacun des vases, de forme Médicis, présente un panneau central sur fond or reproduisant des uvres de Franz Jansz van Mieris lAncien (1635-1681). Ils sont signés en cyrillique I. Morozov et I. Artemiev et datés 1849.
Hauteur 66 cm, diamètre 55 cm et h. 66.5 cm, diamètre 56 cm. Avec un socle en marbre vert (h. 7.5 cm).
Certificat dauthenticité de Madame Anna Vladimirovna Ivanova, conservatrice en chef du département «Musée de la Manufacture Impériale de Porcelaine» au Musée dEtat de lErmitage à St. Petersbourg.
Les vases sont composés chacun de trois éléments en porcelaine séparés par deux bagues en bronze doré et ciselé, le tout réunis par des clés en métal et un dispositif de vis. La paire est également signée en lettre dor par lornementaliste Feodor Telyatnikov «1849 FT». Elle porte la marque incisée à lintérieur de la jante «NS 1848» en cyrillique, qui indique la date et lartisan qui les a moulés. Les dos sont entièrement dorés et décorés de motifs de feuillages et de fleurs polis à lagate sur un fonds dor brillant.
Chaque vase est monté sur un pied circulaire cannelé, cintré et repose sur une base carrée en bronze doré (actuellement portant encore la patine du temps). Le bas du corps permet lattache des deux poignées latérales et présente une riche décoration en relief de feuilles d'acanthes et de fleurs entièrement dorée dor mat et brillant, typique de la Manufacture Impériale. Lensemble des différentes parties dorées sont judicieusement et minutieusement rehaussées par de fines bandes non décorées laissant apparaître la porcelaine parfaitement blanche. Les dorures des cannelures du pied, les décorations du réceptacle, des poignées et du corps principal sont habilement exécutées de parties dor brillant et amati permettant à la lumière de donner ainsi un relief particulier.
Les panneaux centraux sont finement exécutés par les deux meilleurs copistes de lépoque d'après les uvres de Franz Jansz van Mieris l'Ancien (1635-1681) : Ivan Morozov, était chargé de recréer la «Matinée dune jeune dame", (1659-1660) et Ilya Artemiev, «Le Rafraîchissement dhuitres » (1659).
Les tableaux avaient été déplacés de lErmitage à la Manufacture spécialement pour loccasion. Ils avaient été acquis par lImpératrice Catherine II de Russie en 1768 de la collection du comte Heinrich von Brühl, homme d'État allemand à la cour de Saxe et du Commonwealth polono-lituanien. Actuellement, ils sont exposés dans les collections permanentes du musée de l'Ermitage.
Les deux vases ont été conçus comme paire dès leur création. Les peintures toutes deux de Van Mieris se répondent et la luxueuse décoration en or utilise un vocabulaire dornementation dapparence sobre qui met particulièrement en valeur ces scènes de genre très appréciées à une époque où lon pouvait encore en décoder chaque détail.
Provenance :
- Tsar Nicolas Ier et Alexandra Feodorovna, Palais dHiver, St. Petersbourg
- Grandes-Duchesses Helena Pavlovna et Catherine Michaelovna, Palais Michel, St. Petersbourg
- Collection particulière suisse, dans la même famille depuis les années 1960
« [] Nous pouvons affirmer que ces deux vases sont authentiques. Tous les processus techniques, technologiques et artistiques utilisés lors de la création de ces vases, la qualité de la porcelaine et des bronzes ainsi que les signatures des maîtres correspondent exactement aux articles produits dans les années 1840 par la Manufacture Impériale de Porcelaine » stipule le certificat.
Chaque année à Noël, il était dusage dans la tradition des tsars doffrir des cadeaux. Plusieurs manufactures impériales étaient chargées dexécuter sur commande des pièces plus ou moins importantes, mais toujours de la plus haute qualité et de les livrer au Palais dHiver, résidence du Tsar. Ces présents étaient alors exposés dans une salle du palais spécialement attribuée à cet effet afin que le couple impérial puisse les sélectionner. Par la suite, les manufactures délivraient les cadeaux à leurs nouveaux propriétaires. Les vases avec les reproductions de van Mieris ont été livrés au Mikhailovskiy palace.
Les documents des Archives Historiques de lEtat russe confirment lexistence dune telle commande passée en 1849 auprès de la Manufacture Impériale de Porcelaine. Dans la liste des commandes effectuées par le Cabinet de Son Altesse Impériale Nicolas Ier de Russie, il est précisément noté: "vases de forme Médicis de seconde taille avec des peintures de figures de Mieris effectuées par les maîtres Artemiev et Morozov décorées sur un fond d'or - 2 »(.... RSHA f 468, op.10, éd h 613, l 5). Il est précisé que le directeur de la Manufacture a commandé au sculpteur Vikentii Maderni, des bases en faux marbre blanc pour être livrés avec ces vases.
Durant lété 1849, le frère du Tsar Nicolas Ier, le Grand-Duc Michel Pavlovich Romanov décède. Sa veuve, la Grande Duchesse Elena Pavlovna (1807-1894), née princesse Marie-Charlotte-Frédérique de Württemberg se retrouve vivre seule avec sa fille, la Grande Duchesse Catherine Mikhaïlovna, dans limmense palais Michel (Mikhailovskiy palace). LEmpereur et lImpératrice souhaitait leur montrer une affection toute spéciale en leur offrant un cadeau de grande valeur. Cest alors que la Manufacture Impériale de Porcelaine reçoit un ordre du Ministre de la Cour impériale en ces termes : « LImpératrice exige de savoir quel cadeau a été créé pour la Grande-Duchesse Elena Pavlovna, veuillez envoyer immédiatement des créations afin que Leurs Altesses Impériales puissent les choisir, 26 décembre 1849, Général comte Volkonskiy. "(RSHA, f.468, op.10, ed.hr. 613, L.8).
Dans la liste de distribution des cadeaux du Tsar Nicolas Ier pour Noël 1849, linstruction suivante est donnée pour la distribution des cadeaux : «Pour Leurs Altesses Impériales la Grande-Duchesse Elena Pavlovna et la Grande-Duchesse Catherine Mikhaïlovna: vases de forme Médicis de la deuxième taille, avec peintures à personnages - 2 »(RSHA f.468, op.10, ed.hr. 613, l.42)
Nous remercions chaleureusement Madame Anna Vladimirovna Ivanova, pour avoir effectué ces recherches avec assiduité et précision.
Zinaida Serebriakova (1884-1967), Nu allongé, pastel sur papier, 39,5x57 cm
Au verso: Tampon de l'Atelier Zinaïde Sérébriakova; no. 1307 à l'encre